L’âge d’or des castrats
extraits du répertoire des castrats au travers de 2
siècles de musique italienne,
des fastes de l’opéra baroque jusqu’à l’intimité
du salon romantique,
sans oublier la musique d’église, berceau et dernier
refuge de cet art vocal unique.
Airs pour Farinelli et autres grands castrats du
XVIIIème siècle
Œuvres de Broschi, Haendel, Gluck, Mozart, Haydn…
Interprété par Duy-Thông
NGUYEN, contre-ténor
Olivier DAURIAT sur piano Steinway
Trois Concerts exceptionnels : 5, 12 et 19 Novembre 2001
à 20H30
Réservations Tél 01 42 26 00 00, fax 01 42 26 10 00 et
www.musicaparis.com
Prix des places : 150F, 120F, 80F
Eglise Saint-Julien-Le-Pauvre
1 rue Saint-Julien-Le-Pauvre 75005 Paris
Métro St-Michel, Maubert ou RER St-Michel-Notre-Dame /
Cluny la Sorbonne, Parking à proximité
Saint Julien Le Pauvre est le plus ancien sanctuaire de
Paris intra muros. Elle fût bâtie sur l’emplacement d’une chapelle
dédiée à Saint Julien et antérieure au VIè siècle. Après avoir
souffert du siège de Paris par les Normands (856-885), l’église devint
propriété des seigneurs laïcs qui la cédèrent, vers 1120, aux moines
clunisiens de Longpont. Ces derniers en firent un prieuré de leur ordre
et entreprirent, en 1170, de la rebâtir en style gothique. Le déclin de
l’université au XVè siècle, entraîna celui du prieuré. En 1658, le
prieuré fût aboli et l’église devint chapelle de l’Hôtel Dieu.
Fermée en 1793 pour devenir magasin à sel, rendu au culte en 1826, l’église
fût de nouveau désaffectée en 1877, suite au transfert de l’Hôtel
Dieu dans l’île de la cité. L’administration de l’Assistance
Publique, alors propriétaire en 1888, accepta de concéder l’église à
l’exercice du culte de rite byzantin.
Le 22 décembre 1953, une ordonnance du Cardinal
Maurice Feltin, archevêque de Paris, érigeait Saint Julien Le Pauvre en
paroisse diocésaine de plein exercice pour les catholiques, y rattachant
également les fidèles du rite d’origine grecque et italo-albanaise.
Hommage aux castrats : « de Farinelli à Pacchiarotti
»
Ce programme cherche à donner un aperçu du répertoire des castrats,
au travers de deux siècles de musique italienne, depuis les fastes de l’opéra
baroque jusqu’à l’intimité du salon romantique, sans oublier la
musique d’église qui fut le berceau et le dernier refuge de cet art
vocal unique.
L’âge d’or : Farinelli - Senesino
Si on trouve des castrats dès le XVIe à la Chapelle Sixtine, l’âge
d’or proprement dit de ces voix fabuleuses ne commence réellement qu’au
début du XVIIIe siècle, avec les fastes de l’opéra seria, dont
la forme fixe de l’aria da copa (air avec reprise) allait
permettre d’exhiber les plus folles variations. Les grands compositeurs
d’opéras de cette époque furent Vivaldi, Haendel, Hasse, Pergolèse et
Scarlatti…
Il était logique de commencer ce parcours en évoquant le musico
(c’est ce terme qu’on employait à l’époque, de préférence à
celui de castrato) le plus fameux, Carlo Broschi, dit Farinelli.
La beauté de sa voix, la sûreté de sa technique, la longueur de son
souffle, et l’inventivité de son style stupéfiaient autant dans la
virtuosité qu’elles pouvaient bouleverser dans l’élégiaque et le
pathétique…Ajoutez à cela un joli physique, un bel esprit, une grande
gentillesse et un destin d’exception (il quitta soudainement les
scènes, au faite de sa gloire, pour s’occuper pendant 22 ans de la
santé psychique du roi d’Espagne), et on comprendra pourquoi il
continue à nous fasciner aujourd’hui !
A Londres, Farinelli avait rejoint la troupe du théâtre de la
noblesse, montée par son ancien maître Porpora, pour faire concurrence
au théâtre royal tenu par Haendel, où le castrat vedette était l’alto
Francesco Bernadi, dit Il Senesino. C’est pour lui que furent
écrits de nombreux rôles, comme ceux de Giulio Cesare, Orlando, Ezio,
Sosarme… où triomphait son style simple et touchant, malgré une
étendue vocale limitée.
Si l’opéra est par excellence le lieu de toutes les incandescences
vocales et des passions exacerbées, tant sur la scène que dans la salle,
l’église restait encore un des lieux privilégiés de l’art des
castrats : déjà au XVIIè, Allegri, musico lui même, avait
écrit son fameux Miserere _ devenu depuis l’apanage des sopranos
enfants _ pour ces types de voix. Peu savent que Pergolèse écrivit les
sublimes entrelacs pour soprano et alto de son Stabar Mater pour
deux voix de castrats.
L’âge classique : Millico, Rauzzini, Pacchiarotti
Dans la seconde du XVIIIè, la progressive désaffection du public pour
l’opera seria, genre de plus en plus démodé, au profit de l’opera
buffa, jugé plus naturel _ et où les musici n’ont pas de
place _ sonne le glas de la suprématie, jusqu’à alors incontestée,
des castrats sur la scène. Dans la tradition des grandes figures
héroïques ou mythologiques de l’âge baroque, des compositeurs comme
Gluck, ou, Mozart ont quand même continué à écrire pour eux des
musiques merveilleuses : que l’on songe au rôle titre de Pâris (Elena
et Paride, crée par Millico), Télémaque ou Orphée de Gluck, ou,
chez Mozart, à Farnace ou Sifare dans Mistridate, Cecilio dans Lucio
Silla, Idamante dans Idomeneo ou Sesto dans la Clemenza di
Tito.
Les castrats continuent aussi de briller à l’église et au concert :
au Rauzzini, créateur de Cecilio dans Lucio Silla, Mozart écrit
en 1773 le flamboyant motet « Exsultate Jubilate », devenu depuis le
cheval de bataille de tous les sopranos légers. Quant à Haydn, sa
cantate « Ariane à Naxos » fût créée en 1791 par le soptaniste
Pacchiarotti accompagné au pianoforte par le compositeur lui-même. Mais
ce sont là les ultimes hommages rendus par de grands maîtres à des voix
que l’on admire encore, mais qui semblent désormais d’un autre âge.
Il est très significatif de constater que Mozart a fait ses premières
armes pour le théâtre dans l’opera seria, genre presque
moribond auquel il n’est revenu que deux fois _ mais avec quel génie !
_ dans sa maturité : encore faut-il dire que les castrats n’y tiennent
jamais le rôle-titre, mais y sont seulement « protagonistes » même
dans ses œuvres de jeunesse. Le devant de la scène commence à être
occupé par les sopranos femmes et aussi par les ténors, jusqu’alors
relégués aux seconds rôles.
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